La Doume : La monnaie locale complémentaire du Puy-de-Dôme

La Doume a été introduite dans le Puy-de-Dôme en 2015 sous l’impulsion de l’ADML63 (Association pour le Développement de Monnaies Locales dans le Puy-de-Dôme). Elle compte aujourd’hui 272 prestataires et partenaires, dont font partie la boutique « Artisan du Monde – Aspal » et le café-lecture « Les Augustes », tous deux situés à Clermont-Ferrand. Reportage.

La Doume, monnaie locale puydomoise, se décline uniquement en billets

Le café-lecture « Les Augustes » est un café associatif « qui favorise l’accès pour tous à la culture en ayant comme support premier l’écrit sous toutes ses formes », peut-on lire sur le menu en guise d’introduction. Des étagères à livres font office de décor tandis qu’un espace lecture est mis à disposition au fond de la pièce. Le café figure aux premières loges du périmètre d’action de la Doume. Sa présidente, Angèle, est également aux manettes de l’ADML63, l'association pour le développement de monnaies locales dans le Puy-de-Dôme. Il faisait cependant déjà partie des prestataires avant son élection, peu après le lancement de la monnaie.

Un bilan plutôt positif

Peu de clients paient en doumes. Difficile cependant d’évaluer précisément le nombre de ses usagers : « certaines personnes utilisent la doume sans être adhérentes à l’association » confie l’une des bénévoles du café. Une des contraintes du système pointée par la jeune femme : l’impossibilité de payer ou de rendre la monnaie en centimes, puisque la Doume se décline uniquement en billets. Pour elle, cette dernière contribue néanmoins à la pérennisation du commerce de proximité. Même si le réseau n’est pas encore très développé, en faire partie apporte une meilleure visibilité. En règle générale, la bénévole semble séduite. D’ailleurs, le café pourrait bien adopter prochainement « l’e-doume », la version électronique de la monnaie sur mobile.

C’est un autre son de cloche qui résonne à la boutique « Artisan du Monde-Aspal », un commerce équitable tenu par l’Association de Solidarité avec les Peuples d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie. L’épicerie se situe en centre-ville, dans une ruelle aux airs de village baptisée « Rue de la boucherie ». Parmi ses voisins, une fromagerie, un restaurant dit « traditionnel », un magasin de couture ainsi qu’une boucherie ! La devanture de l’épicerie est colorée et généreuse, tout comme son gérant, un petit homme à la voix aiguë. « Moi, j’aime rendre service. L’entraide est ce qui nous élève » confie-t-il d’entrée. Derrière lui, une affiche arbore le message suivant : « Soyons artisans d’un autre monde ». Serait-ce donc cela, la philosophie cachée derrière la Doume ?

Une monnaie astreignante

Pourtant, l’homme ne semble pas vraiment convaincu par le système. S’il est devenu l’un de ses prestataires, c’était pour « faire plaisir à des amis ». Pour lui, la monnaie ne fait que compliquer la vie des consommateurs. « On m’a dit que la Doume était censée rendre les gens plus vertueux. Mais pour cela, on ferait mieux de leur simplifier la tâche ». Sa clientèle, qu’il qualifie de « particulière », avait déjà l’habitude de consommer des produits locaux. Pour lui, la Doume n’a apporté aucun changement significatif.

Le commerçant reproche également à la monnaie son champ d'action trop restrictif. Cette dernière contraint les commerçants à travailler avec des acteurs présents uniquement dans le Puy-de-Dôme. « L’un de mes fournisseurs est à Saint-Etienne. Il était prêt à être payé en doumes mais n’étant pas dans le département, ce n’était pas possible ».

Avis mitigés

Quelle conclusion tirer de ces deux exemples ? Malgré la réticence de certains commerçants vis-à-vis de la monnaie, la Doume semble avoir trouvé sa place dans le paysage local puydômois. Elle ne compte d’ailleurs pas s’arrêter en si bon chemin : ses bénévoles continuent à prospecter afin d’agrandir le cercle des prestataires. L’e-doume, qui commence à gagner du terrain, parviendra-t-elle à simplifier un système jugé encore trop contraignant ?

Claire LENGRAND.

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