[Critique] L’ailéphant messager
- clairelengrand
- 1 avr. 2019
- 2 min de lecture
Dumbo, c’est le nouveau bijou de Tim Burton, et ce serait une erreur que de s’arrêter à la simple lecture d’un joli conte pour enfants. A travers son adaptation du film de Disney, le réalisateur cherche à faire rêver parents et enfants tout en leur délivrant subtilement des messages.
Tout d’abord, Dumbo est une plongée dans le monde de l’enfance. L’occasion pour les adultes de se remémorer de tendres souvenirs, celle pour les enfants de découvrir un personnage attendrissant et adorable. Avouons-le, difficile de ne pas fondre devant ces grands yeux bleus et ces immenses oreilles tombantes.
D’ailleurs, le réalisateur n’hésite pas à jouer la carte émotion à fond. Au début du film, Milly et Joe retrouvent leur père, Holst, rescapé de guerre et amputé d’un bras. Entre temps, leur mère a disparu, emportée par la maladie. Les temps sont difficiles et l’argent manque, notamment pour cette troupe de cirque à laquelle ils appartiennent, qui a dû réduire ses effectifs pour pallier les difficultés. Holst, cavalier prodige avant la guerre, se retrouve sans chevaux, ces derniers ayant tous été vendus en son absence. Il est alors assigné au dressage d’éléphants par contrainte.
Liberé, délivré
C’est à ce moment-là que Dumbo entre en scène, apportant avec lui un peu de magie et d’espoir à tout ce beau monde. La vie de cet éléphanteau n’est pas non plus de tout repos. Très vite, il se voit arraché de la trompe de sa mère alors que cette dernière ne cherchait qu'à le protéger. Un stratagème est mis en place afin de les réunir, avec pour cerveaux Milly et Joe. Car l’un des messages délivrés par le film s’adresse directement aux enfants : croyez en vos capacités et donnez-vous les moyens de réaliser vos rêves, aussi fous soient-ils.
Féministe, ce n’est certainement pas par hasard que Tim Burton a choisi Marie Curie comme modèle pour Milly, une fillette "qui rêve d'être reconnue pour son intelligence". La scientifique à qui l’on a décerné le Prix Nobel de physique était également une femme de courage, qui n’a pas hésité à sillonner les fronts de la Grande Guerre pour tenter d’imposer l’utilisation de la radiologie auprès des blessés.
Dumbo, c’est aussi une critique contre l’état de captivité des animaux de cirque. A deux reprises, la mère de Dumbo se voit enfermée cruellement, avec des boulets de forçat aux pattes telle une prisonnière de guerre. A travers cette image effroyable, le film cherche à marquer l’esprit du spectateur, qui ne se rend pas toujours compte de la souffrance éprouvée par l'animal alors privé de son habitat naturel. Replacer l’humain au cœur des cirques, avec sa large palette de talents artistiques et sans avoir recours aux animaux, c’est le souhait que semble nous confier Tim Burton à travers ce film fantastique.
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